Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a assuré vendredi qu'il démissionnerait sur le champ "si quelqu'un pouvait démontrer" qu'il a menti sur la nature de ses relations avec une jeune Napolitaine de 18 ans, une affaire à l'origine d'un scandale en Italie.
L'avocat de Silvio Berlusconi a de son côté décidé d'attaquer en justice le quotidien espagnol "El Pais", qui a publié vendredi des photos de jeunes femmes aux seins nus et d'un homme nu dans la propriété du président du Conseil en Sardaigne. La semaine dernière, la justice italienne avait saisi les clichés à la demande de Silvio Berlusconi et ouvert une enquête contre leur auteur pour violation de la vie privée. L'affaire des photos intervient en plein scandale sur la relation entre Silvio Berlusconi, 72 ans, et Noemi Letizia, une Napolitaine de 18 ans. L'épouse de M. Berlusconi, Veronica Lario, a annoncé il y a quelques semaines son intention de demander le divorce, citant la participation de son mari à une fête d'anniversaire de Noemi Letizia à Naples et lui reprochant de ne pas avoir été présent pour les 18 ans de ses propres enfants. "Il Cavaliere" dément toute relation inappropriée, soulignant que Noemi Letizia est la fille d'un vieil ami et qu'il a assisté à son anniversaire parce qu'il se trouvait justement à Naples ce jour-là. Il a accusé l'opposition de centre-gauche d'utiliser l'affaire pour tenter de discréditer son parti avant les élections européennes. Le président du Conseil italien a répété vendredi qu'il n'y avait rien d'"épicé" dans sa relation avec Noemi Letizia, ajoutant qu'il démissionnerait immédiatement si quelqu'un était capable de prouver le contraire. "Si quelqu'un peut démontrer que le président du Conseil s'est parjuré lui-même, celui-ci devrait démissionner et se cacher dans la minute qui suit", a-t-il déclaré à la radio publique RAI. L'ex-petit ami de Noemi Letizia, Gino Flaminio, a raconté qu'elle et d'autres jeunes femmes ont passé une semaine dans la villa de M. Berlusconi en Sardaigne durant les fêtes de fin d'année, et qu'il avait écouté des conversations téléphoniques entre le chef du gouvernement et la jeune fille. Des révélations qui ont alimenté les spéculations sur une éventuelle relation inappropriée entre Silvio Berlusconi et Noemi Letizia. Mais Flaminio s'est par la suite excusé pour ses propos, affirmant se sentir instrumentalisé par les détracteurs de Berlusconi. Les clichés publiés par "El Pais" ont été pris par le photographe Antonello Zappadu. Le paparazzi a réalisé au total, depuis l'extérieur de la villa, plusieurs centaines de photos, qui ont été confisquées par le parquet de Rome la semaine dernière à la demande de M. Berlusconi. Mais il en avait déjà vendu les droits à l'étranger, ce qui expliquerait leur publication dans "El Pais" sous le titre: "Les photos auxquelles Berlusconi a mis son veto". Sur les photos, on peut voir différentes personnes dont les visages sont floutés et qui ne sont pas identifiées: deux femmes aux seins nus dans le jardin, un homme nu à côté de la piscine, une femme avec un manteau rouge, ou encore Silvio Berlusconi, dont le visage n'est pas masqué, marchant dans le jardin. L'avocat de M. Berlusconi, Niccolo Ghedini, a annoncé avoir contacté un confrère à Madrid pour porter plainte contre "El Pais". Ces photos "sont le fruit d'un délit", a-t-il expliqué. "Quiconque les achète n'importe où dans le monde commet un délit." M. Berlusconi reproche au paparazzi d'avoir violé sa vie privée, une accusation qu'il a réitérée vendredi après la publication des photos dans "El Pais". "Il s'agit de photos innocentes, mais il y a eu violation de vie privée", a-t-il déclaré à la RAI. Interrogé sur la présence de femmes dénudées dans sa propriété, il a répondu: "Est-ce que vous prenez une douche tout habillé? Ces jeunes filles se baignaient dans un jacuzzi à l'intérieur d'une propriété privée, et elles ont été agressées d'une manière scandaleuse", a-t-il dit en référence aux photos volées. Les clichés sont également à l'origine d'une enquête du parquet de Rome pour abus de pouvoir présumé et utilisation inappropriée d'un avion du gouvernement. D'autres photos montrent en effet des amis, des artistes et des starlettes débarquant d'un avion de l'Etat italien en Sardaigne pour assister à des fêtes dans la résidence de M. Berlusconi. Le président du Conseil a assuré que le voyage de ses invités n'avait pas entraîné de dépenses supplémentaires à la charge du contribuable et qu'ils avaient été conviés pour égayer une visite officielle du Premier ministre tchèque Mirek Topolanek. Il a également dénoncé une enquête aux motivations politiques. AP