Au premier jour de sa visite en Jordanie, Benoît XVI a voulu apaiser la polémique née de ses propos envers Mahomet en assurant la communauté musulmane de son "profond respect". Entamant une tournée d'une semaine au Proche-Orient qui le conduira sur les traces de son prédécesseur Jean Paul II en 2000, Benoît XVI a ainsi lancé dès son arrivée: "Ma visite en Jordanie me donne l'heureuse occasion de dire mon profond respect pour la communauté musulmane".
Le souverain pontife a dit se rendre en "pèlerin de la paix" dans une région troublée, où il s'est attiré la colère des juifs et des musulmans par certains propos et autres décisions. "Nous accueillons votre engagement à dissiper les malentendus et les divisions qui ont entravé les relations entre les chrétiens et les musulmans", lui a répondu le roi Abdallah, venu l'accueillir à l'aéroport avec la reine Rania. Benoît XVI avait notamment prononcé un discours à Ratisbonne (Allemagne) en septembre 2006 dans lequel il citait un empereur byzantin du XIVe siècle évoquant les "choses mauvaises et inhumaines" apportées par Mahomet, dont la propagation de l'Islam par l'épée. Le pape a déjà déclaré qu'il était "profondément désolé" des réactions suscitées par ces propos et précisé que le passage en cause ne reflétait pas sa propre position. A Amman, les puissants Frères musulmans ont annoncé avant l'arrivée du pape qu'ils allaient boycotter sa visite. L'absence d'excuses publiques signifie que "les obstacles et les frontières vont demeurer et jeter une ombre sur toute entente entre le pape et le monde musulman", a déclaré le porte-parole des Frères musulmans, Jamil Abou-Bakr. Le Vatican a répondu, via son porte-parole Federico Lombardi, que toutes les explications possibles avaient été données. "Nous ne pouvons pas continuer jusqu'à la fin des temps à répéter les mêmes clarifications", a-t-il expliqué. Dans la mosquée Al-Hussein ben Talal, la plus ancienne d'Amman, l'imam Abdallah Abdul-Kader a demandé vendredi aux fidèles de faire bon accueil au pape. "Je vous appelle à montrer du respect pour vos frères chrétiens alors qu'ils reçoivent le chef de leur Eglise", a-t-il lancé. Les chrétiens représentent environ 3% de la population jordanienne de 5,8 millions d'habitants. En dépit de la controverse, Benoît XVI espère que l'Eglise catholique pourra jouer un rôle dans le processus de paix au Proche-Orient. "Nous ne sommes pas un pouvoir politique mais nous sommes un pouvoir spirituel qui peut contribuer" à rapprocher Israéliens et Palestiniens, a-t-il déclaré à des journalistes avant que son avion ne se pose à Amman. Après la Jordanie, Benoît XVI se rendra à Jérusalem lundi, dans un camp de réfugiés de Bethléem en Cisjordanie mercredi, à Nazareth jeudi prochain, avant de regagner Jérusalem le 15 mai. Son voyage en Terre sainte sera ponctué de rencontres avec des responsables de chaque pays ou territoire visité, de visites dans des sites bibliques ou de mémoire, et de célébrations religieuses. AP