Le président Joao Bernardo "Nino" Vieira, assassiné la semaine dernière par des militaires en représailles à la mort, la veille, de son rival, le chef d'état-major de l'armée, a été inhumé mardi au cimetière municipal.
Des milliers de Bissau-Guinéens ont suivi le cercueil du chef de l'Etat défunt de l'Assemblée nationale au cimetière où il repose désormais dans un sarcophage en béton. Une dizaine d'enfants de "Nino", un ancien chef de maquis qui est arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat, étaient présents, tout comme les représentants de gouvernements étrangers. Mais aucun chef d'Etat de la sous-région n'a fait le déplacement. Les forces de sécurité de cette ancienne petite colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest devenue une tête de pont du trafic de cocaïne colombienne à destination de l'Europe, ont du refouler la foule qui tentait de pénétrer dans le cimetière. Il y a eu quelques blessés lorsque des barrières métalliques ont cédé. "La Guinée-Bissau traverse la période la plus difficile de son histoire", a déclaré Raimundo Pereira, le président de l'Assemblée nationale qui assume l'intérim du chef de l'Etat après sa mort. Cet intérim devrait théoriquement durer 60 jours, le temps d'organiser une élection présidentielle. L'armée, toujours très influente en coulisses à Bissau, s'est engagée officiellement à obéir au pouvoir civil. Mais l'appareil militaire et ses différentes composantes, continuent en réalité de tirer les ficelles. Les rumeurs de coup d'Etat militaire, qui ont un moment circulé après le double assassinat, se sont estompées avec la prestation de serment du successeur de Vieira. Mais les craintes d'instabilité demeurent dans ce pays très pauvre ravagé par la corruption et surnommé "Côte de la coke" en raison de la contrebande de cocaïne. – Reuters