Le président sortant du Ghana John Kufuor a appelé au calme et demandé à ses concitoyens d'accepter les résultats de l'élection présidentielle, qui n'étaient pas encore connus, alors que l'on attendait le verdict des urnes dans une circonscription de l'ouest du pays qui votait vendredi.
Les électeurs du petit district de Tain -53.000 électeurs inscrits- n'avaient pas pu participer au scrutin organisé dans le reste du pays dimanche à cause d'une pénurie de bulletins. Le vote s'y est déroulé dans le calme vendredi malgré les tentatives du Nouveau Parti patriotique (NPP, au pouvoir) pour l'empêcher. Le scrutin de Tain pourrait être décisif. Les résultats en provenance des 229 autres circonscriptions du pays créditent le chef de l'opposition John Atta Mills de seulement 23.000 voix d'avance sur Nana Akufo-Addo, le candidat du NPP, après dépouillement de neuf millions de bulletins. Au premier tour, le 7 décembre dernier, Atta Mills l'avait emporté de peu à Tain. Le scrutin a pris fin à 17h (17h gmt) comme prévu dans le petit district, les responsables électoraux commençant tout de suite après à procéder au dépouillement. La semaine a été marquée par de vives tensions, les deux camps dénonçant des irrégularités lors du vote de dimanche. Des contestations qui pourraient déboucher sur des actions en justice. Le président Kufuor, qui ne pouvait se présenter pour un troisième mandat consécutif, a jugé "important de respecter le calendrier constitutionnel" qui fixe à mercredi prochain la passation de pouvoir avec son successeur. "J'appelle donc tous les intervenants à respecter l'autorité du commissaire électoral lorsqu'il proclamera les résultats", a-t-il déclaré. Il a précisé que d'éventuels litiges pourraient faire ultérieurement l'objet de procédures légales. Les deux candidats sont des avocats de 64 ans qui ont étudié en Grande Bretagne. Selon Peter Pham, un expert de l'Afrique à l'université James Madison en Virginie, il est très important que le perdant reconnaisse sa défaite et que le vainqueur "accueille sa victoire avec retenue". Le score très serré de la présidentielle au Ghana "révèle un profond clivage et la nécessité pour les deux camps de travailler ensemble pour préserver ce qui a été jusqu'ici un modèle de démocratie en Afrique". Selon M. Pham, beaucoup d'électeurs ont voté en fonction de considérations ethniques. Il prévient qu'en cas d'accroissement des tensions et de rejet des résultats par les deux camps, le pays pourrait connaître un scénario à la kényane. Le Kenya, qui était également considéré comme un modèle de stabilité en Afrique, a connu une vague de violences politico-ethniques meutrières après une élection serrée fin 2007 qui avait été vivement contestée par l'opposition. AP