Un concours de projets d'investissement organisé aux États-Unis a récompensé quelques idées innovantes pour l'Afrique. L'initiative vise à inciter les diasporas africaines à investir dans leurs pays d'origine.
Plus de 700 dossiers, 58 finalistes présélectionnés, 14 projets retenus… L'African diaspora marketplace (ADM), un programme de promotion des investissements en Afrique de la diaspora africaine aux États-Unis, a dévoilé la liste de ses premiers bénéficiaires en janvier dernier. Pour être éligible, le candidat devait être membre de la diaspora subsaharienne, vivre aux États-Unis en tant que citoyen américain ou résident permanent et disposer d’un partenaire local dans le pays où le projet serait réalisé.
Chaque lauréat recevra une subvention de 50 000 à 100 000 dollars US (37 000 à 74 000 €) décaissés sur une période de 6 à 18 mois. En outre, les agences locales de l'USAID (l'agence américaine pour le développement international) leur apporteront une assistance technique et suivront sur le terrain la mise en œuvre des projets. L'initiative est financée par Western Union (800 000 $), l'USAID (700 000 $), le groupe bancaire africain Ecobank (150 000 $) et des organismes de développement américains s'intéressant à l'Afrique. "Les finalistes sont désormais interconnectés pour développer leurs projets entre eux", apprécie Lisa McConnell, responsable de communication en Afrique de Western Union.
Les propositions de plans d'affaires (durabilité, délai de mise en œuvre, création d'emplois, rentabilité, compétences de l'équipe de gestion) des candidats ont été notées par un jury formé de représentants du monde des affaires, de personnalités de la diaspora, d'experts de l’USAID, du secteur privé et d'organisations de développement. Les projets d'investissement finalistes vont de l'introduction du bilinguisme (français-anglais) et de l'informatique à l'école primaire à l'utilisation des SMS pour lutter contre la contrefaçon des médicaments en passant par la production des foyers solaires.
Canaliser les investissements
Le programme est cependant limité à la diaspora de l'Afrique noire des États-Unis originaire des pays africains ayant une représentation locale de l'USAID, soit environ seulement le tiers des pays du continent, dont seulement trois francophones (Mali, Sénégal, Burundi). Ainsi, les 14 lauréats sont originaires de sept pays dont aucun d'Afrique francophone.
En 2008, un projet similaire baptisé Foire du développement pour la diaspora africaine en Europe (D-MADE en anglais), initié par la Banque mondiale et financé notamment par la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne et la France, avait récompensé 16 gagnants de subventions allant jusqu'à 40 000 € par projet, pour des investissements à réaliser dans 11 pays d'Afrique subsaharienne dont huit francophones. Quant à l'ADM, les organisateurs n'ont pas encore décidé de la suite. "Nous espérons que cet événement va continuer, et que, sur la base de cette première expérience, d'autres bailleurs de fonds financeront l'opération", souhaite Borany Penh, chargé de programme à l'USAID.
Toutes ces initiatives visent en tout cas à mieux canaliser les investissements des émigrés en Afrique. Selon un rapport d' octobre 2009 du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), une agence des Nations unies, les travailleurs migrants africains envoient plus de 40 milliards de dollars américains vers leur pays d’origine chaque année, mais les frais d'envoi élevés limitent leur effet sur la réduction de la pauvreté. - Syfia