Le 1er juillet, à Conakry, à la Maison de la presse, Mouctar Diallo, le Président des Nouvelles Forces démocratiques, NFD, a présenté un mémorandum sur la réconciliation nationale à déposer au Président de la République Alpha Condé. D’entrée il a rappelé que l’histoire de la Guinée a été marquée par de nombreuses violations des droits humains perpétrées par les différents régimes. Il déclare que « les discours politiques tendancieux de, certains leaders politiques ont exacerbé les violences inter communautaires et inter religieux. Il est important de ramener le débat politique autour de la réconciliation nationale.»
Ce qui aura justifié l’élaboration du mémorandum à l’intention du Président Alpha Condé et son gouvernement. Pour les interpeller à plus de responsabilité. Du fait que la réconciliation ne peut être possible que dans le cadre d’une volonté politique affirmée et par des actes posés par chaque guinéen. Mais il s’indigne que le pouvoir actuel manque de volonté politique pour réconcilier les Guinéens. D’autant que les violations successives de la loi et les discours d’exclusion ont exacerbé, de façon inquiétante, les divisions interethniques et ont sapé l’unité nationale et la cohésion sociale. C’est pourquoi M. Diallo pense que la justice classique devrait s’appliquer sur les dossiers de juin 2006, de janvier-février 2007, du 28 septembre 2009 et les violences post électorales de 2010.
Le mémorandum de NFD serait une contribution pour «une Guinée débarrassée des démons de la division» pour le respect et la promotion « des valeurs communes ». Il pose entre autres, les problématiques de la recherche de la vérité, de la reconnaissance, de l’acceptation de la responsabilité, de la justice, de la réparation, du pardon, de la réaffirmation de la volonté de vivre ensemble, la création d’une commission de réconciliation. Egalement, le fonctionnement de la Commission ainsi que du traitement accordé par celle-ci aux victimes. Il définit aussi le rôle de la société civile, des ONG et des partis politiques.
Mouctar Diallo a demandé au Président Alpha Condé de se mettre au-dessus des clivages pour impulser la dynamique de la réconciliation nationale. «Nous l’exhortons a demandé solennellement pardon aux nombreuses victimes de ses stratégies électoralistes, cyniques et au faix de l’Etat dont il est l’incarnation », a-t-il poursuivi.
Quant aux responsables des quatre coordinations régionales et aux différents acteurs sociopolitiques, Mouctar Diallo leur demande de s’impliquer dans la réconciliation nationale. «Nous sommes convaincu que l’unité nationale est le gage sûr d’une Guinée unie, paisible, démocratique et prospère ».
Le NFD n’est-il pas en train de prêcher dans le dessert, lui questionne un journaliste. Mouctar a répondu : «Tant mieux si le gouvernement prend en compte le mémorandum. S’il ne le fait pas, c’est dommage, mais nous le demandons vivement». Mais Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé doivent d’abord se réconcilier, ajoute un journaliste. Le Président de NFD de répondre: « Ceux qui pensent qu’Alpha Condé et Cellou Dalein doivent se réconcilier ont raison. Ce sont deux principaux acteurs de la vie politique, il est important qu’ils instaurent le dialogue entre eux. Mais il faut l’élargir à l’ensemble des Guinéens. Mais pour nous, la question de la réconciliation, c’est plus vers les citoyens, les victimes de la violence politique, de l’injustice, que vers les acteurs politiques. Nous sommes d’avis qu’il faut que le président Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo se parlent, qu’ils acceptent tous les deux de se mettre au-dessus de certaines considérations pour voir l’intérêt national. Aujourd’hui, il faut mettre une politique de sensibilisation, d’éducation pour mettre fin aux préjugés entre les Guinéens. L’Etat doit suffisamment être responsable dans sa gouvernance, pour qu’il arrête l’exclusion, l’entretien de la flamme de la division ».
Qu’en pensez-vous du rôle des coordinations régionales? Il a affirmé : « Dans une conférence à l’ambassade des Etats-Unis en 2008, j’avais dénoncé certaines attitudes des coordinations régionales qui contribuaient à exacerber l’ethnocentrisme et le régionalisme. Malheureusement aujourd’hui encore, ces coordinations régionales ne jouent pas leur rôle dans le cadre du renforcement de l’unité nationale. C’est comme si chaque coordination défendait exclusivement les intérêts de sa région, même dans l’injustice, dans la violation de la loi, des droits humains des ressortissants des autres régions. Les responsables de ces coordinations doivent être plus sages pour contribuer à l’édification d’une véritable nation en Guinée.»
La réconciliation nationale est-elle possible sans la participation de l’opposition au gouvernement ? « La réconciliation nationale ne veut pas dire gouvernement d’union nationale. Il n’est pas dit qu’il faut être dans la majorité pour contribuer au développement de son pays. NFD peut être dans l’opposition et continuer à jouer son rôle positif dans le cadre de l’unité nationale, de la paix et de la démocratie».
Est-ce que NFD est prêt à rejoindre les autres partis de l’opposition pour descendre dans la rue contre une reprise intégrale du recensement des électeurs?
Mouctar Diallo a indiqué : « Notre parti ne rejoint pas, mais il est partie prenante à part entière de la dynamique d’opposition ferme au recensement prôné par le gouvernement. Nous allons lancer bientôt un mouvement qui va demander le respect des lois, qui va s’opposer à ce recensement et exiger le respect de la loi par le chef de l’Etat et son gouvernement. Et comme le Gouvernement est prêt à tirer, à blesser et à condamner les manifestants pacifiques, alors il n’a qu’à préparer ses cimetières, ses hôpitaux et ses prisons ».
Etienne Soropogui, le vice-président de NFD a bouclé la boucle. Il pense qu’il « ne faut pas que l’opposition fasse des compromissions inutiles. Pour la réconciliation, il faut d’abord se réconcilier avec nos valeurs et nos principes. La reprise intégrale du recensement des électeurs est une décision qui est contre nos valeurs ». Pour certains observateurs, l’acte de NFD est à saluer. D’autant que le Président Alpha Condé a récemment créé un Comité de réflexion sur la réconciliation nationale pour recoller le tissu social fortement entamé pendant la campagne présidentielle de 2010.
AfricaLog.com